Passé / Clos

Rollin & Clap - Erik Truffaz

Le Cèdre, Centre Culturel et de Rencontres - Grande Salle (CHENOVE)

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Tout a commencé une nuit de festival, Angoulême. On avait proposé à Erik Truffaz de déjouer des musiques de cinéma. C'est une affaire délicate, pour un musicien, que les bandes originales. Elles sont la peau des films, leur âme indistincte ; elles peuvent aussi, dans le pire des scénarios, ne constituer que le décor des sentiments, tout juste vouées à rehausser le récit. Alors Truffaz est allé chercher dans ses mémoires de cinéphile, d'amoureux et d'enfant, pour fomenter cet hommage du jazz à la pellicule qu’il illumine. Il opte pour un monument en guise d'ouverture. Un air de Nino Rota qui ne relève pas de l'ornement, il est le cœur même, obscur et palpitant, de La Strada. Lorsque Zampano s’effondre sur une plage embaumée de nuit, foutu dans son vieux costume, il jette un dernier regard au ciel et la musique fond, cette chanson de cirque tragique - Erik Truffaz la tourne en berceuse. Cordes tendues d’une tendresse infinie et le thème caressé à la trompette, une prière pour que l'amour dure toujours. Dès le premier morceau, c'est patent. Pour Rollin’, Truffaz et son acolyte de presque toujours, Marcello Giuliani (qui coproduisent l’album, autant dire qu'ils le réalisent ensemble), ont d'abord couché sur papier un générique idéal. C'est un des trucs qui frappe dans la carrière de Truffaz, ce sens du casting - ne pas économiser sur les seconds rôles. Chacun de ses disques compose une troupe digne des Marvels, super-héros des textures et des carambolages esthétiques. Ici, en plus de la basse de Giuliani, qui s’en remet à l'acoustique, le groupe s’étoffe des anciens futs de Raphaël Chassin, des claviers minés d’Alexis Anérilles et de la guitare monkienne de Matthis Pascaud. C'est ce gang très exactement qui descend en ville, qui réarrangent le portrait à une collection de musiques photogéniques. Ensuite, ça ne s'arrête pas. Dis donc, on n’est quand même pas venu ici pour beurrer les sandwiches. Erik Truffaz attaque les tontons flingueurs, via le goût pour les riffs du compositeur Michel Magne, décrassés ici par le piano Fender. Cela crisse, cela crame, c'est moins la drôlerie que le venin. Le tout finit éparpillé façon puzzle.

En partenariat avec l'ABC Dijon

Numéro de licence : licence 1 - Le Cèdre : PLATESV-R-2022-007656 / licence 2 : PLATESV-R-2022-007659 / licence 3 : PLATESV-R-2022-007658